dimanche 30 décembre 2012

Hadopi, le poulpe & les chinois

Mr. Poulpe

Il est tard, je viens de rédiger un autre papier sur Hadopi, et là, c'est ma pause coup de gueule. Parce que franchement, tout ce qui s'associe à ce nom me met les nerfs.

Hadopi. Cette semaine, on a beaucoup parlé de la fameuse loi dans les médias. Enfin, parlé c'est beaucoup dire, disons que le débat a été ouvert pendant deux jours uniquement pour se moquer du bilan de la sacro-sainte Haute Autorité. En même temps, quand on dépense 20 millions de pouloutes pour bombarder les gens d'e-mails super convaincants, ça fait cher (et c'est potentiellement inutile).

Donc voilà qu'on taille ceux qui ont tenté pendant deux ans de jouer les apprentis chasseurs de méchants pirates. Et les méchants pirates, c'est nous (j'entends par là tout ceux qui ont décidé de regarder Dexter -entre autres- sans violer leur compte en banque pour se payer les coffrets DVD). Et comme les princes qui nous gouvernent n'apprécient pas trop qu'on se moque de leurs boulettes, ils ont décidé d'en remettre une couche avec ... (Roulement de tambour) : la mission Lescure, lancée par l'ancien patron de Canal +.

Les oreilles dressées, le menton fier, le regard acéré et franc. Les pirates n'ont qu'à bien se tenir...
Pierre Lescure, c'est le stéréotype de la pieuvre médiatique : il a la main mise sur la moitié de ce qu'on lit/écoute/regarde, bref, un super-héros des temps modernes qui connaît les rouages des médias et de leur diffusion comme sa poche. Pourtant, il semble ne rien avoir compris sur le fonctionnement de l'offre et de la demande en ce qui concerne le téléchargement illégal. Un coup d'oeil à la stratégie du bonhomme nous permet d'en retirer deux conclusions : les plateformes de téléchargement pirate, c'est le Mal, et ceux qui s'y adonnent sont des suppôts du démon. Et pour éradiquer ce mal, on s'y prend à la racine : les hébergeurs français. Exit les sites basés à l'étranger et les mails d'avertissement à 10€ version Hadopi. 

Mais le mal, ce ne serait pas de payer 1€ pour un titre (sur lequel l'artiste ne touche rien, au passage), 15 € son DVD, 500€ son abonnement à Canal + ? Ou encore que certains patrons de majors enflent à vue d'oeil alors que des artistes bourrés de talent restent dans l'ombre ? Je sais, ça fait un peu cliché, voire même caricatural, l'image du musicien bohème qui se nourrit de pâtes dans sa chambre de bonne après cinq concerts d'affilée, avec en fond le gros patron assis sur son cul, un cigare à la main. Mais on en connaît tous au moins quelques uns. Et quand on parle de légaliser le peer-to-peer ? "Ah non !". Evidemment, si tu veux te cultiver, travaille. Avec tes 4€ de plus sur ton SMIC, tu te paieras un cinéma de plus tous les trois mois. 

En retard pour Noël, Pierre Lescure et sa mission vont nous apporter un joli tas de cadeaux inutiles, du genre de ceux qui explosent à la gueule. D'ailleurs, l'un d'eux sera sans doute de demander à Google de retirer les liens vers les sites de streaming, de torrents et autres portails de la culture et de la connaissance. Comme le dit si bien Ai Weiwei : "Bloquer Internet, une mesure qui restreindra les échanges de l'information, est un crime à l'encontre de la civilisation et de l'humanité". Enfin il faut dire qu'en Chine, ils ont nettement passé la vitesse supérieure. C'est pas pour autant que les chinois apprécient de se faire bâillonner  C'est pas pour autant qu'ils acceptent ce que magouille leur gouvernement. Mais la succession de Mao fait sans son peuple. Et en France, M. Lescure et toute la clique d'Hadopi fait pareil. Ils n'écoutent pas les besoins d'en bas, seulement ceux d'en haut. Et filent droit au fiasco. 






jeudi 27 décembre 2012

Musi-chronique #1 & other stuff

Aujourd'hui, j'aimerais qu'on se penche un peu au-dessus de l'abîme fabuleux de la scène musicale. Ça n'engage que moi mais je considère qu'un bon blog/site/anything else parle forcément à un moment ou un autre de musique. Pas vous ? 

Autant vous prévenir de suite, je ne compte pas évoquer le super-gros-buzz de l'année 2012. On parle bien sûr de notre grand ami Psy, celui qui aime se dandiner entouré de jolies asiates au son des boîtes branchées du quartier-qui-ne-dort jamais, j'ai nommé Gangnam, à Séoul. Exception faite pour ceux qui ont passé les derniers mois à vivre comme des ermites au fin fond de la forêt (le rêve !), tout le monde connaît/a entendu parler de ce joyeux coréen, qui sous couvert d'une danse de pingouin (et de ses douloureux dérivés), s'applique à tourner en dérision la classe hype de son pays. On en pensera ce que l'on veut, toujours est-il que ça reste plus profond qu'un  rabâchage du prix du poisson

(Vous avez remarqué que je n'en ai pas parlé, absolument pas)


Sinon, l'ambassadeur de la scène rock alternative britannique aka Pulp s'est offert un duo avec James Murphy. After You, initialement prévue sur l'épique album We Love Life, s'offre une cure de jouvence avec  l'ex-leader de LCD Soundsystems. A lire et à écouter ici.

Trêve de banalités, je voudrais passer en coup de vent sur un groupe extraordinaire qui a bercé mon adolescence (comme des milliers d'autres), français de surcroît : Noir Désir. En particulier parce que l'album Tostaky (le plus abouti, de mon point de vue) ressort tout-beau-tout-neuf à l'occasion des 20 ans de la bête. Une bonne excuse pour se réécouter le son éponyme du CD et de trouver ça bien. Parfaitement !


Musi-chronique #1 : Cloud Nothings -- Attack on Memory

D'ailleurs, comme je trouve ça bien aussi, il faut que j'attire votre attention sur un groupe qui est un peu l'OVNI du milieu rock. Pourquoi ? En particulier parce qu'ils se revendiquent du mouvement néo-grunge [sic] et qu'on pourrait se dire que c'est la bonne blague de l'année (même s'il y a eu la non-fin du monde à Bucarach ou encore le prochain film autobiographique de Lady Gaga en tête du top 10 des bad jokes 2012). Le grunge s'est fait sauter la cervelle en même temps que Kurt Cobain, et malgré les soubresauts du style via l'excellent Pearl Jam (et ma collection de t-shirts), aujourd'hui le mouvement est bel et bien mort et enterré.  

Et pourtant, à l'écoute de No Future/No Past, extrait du dernier album de Cloud Nothings, la surprise est au rendez-vous. Un étrange tour de prestidigitation se fait dans nos tympans, et l'espace d'un instant, c'est le fantôme d'un son familier qui vient hanter nos synapses. Se posant délicatement sur un riff aérien dans le plus pur style lo-fi, la voix traînante, lascive même, du leader Dylan Baldi réveille l'adolescent rebelle en chemise crade qui sommeille en nous. 

Lancé dans un rythme hypnotique, le batteur martèle délicatement un duo grosse caisse/caisse claire pour bercer l'auditeur, accompagné d'une ligne de basse fluide et discrète. Et le tout de progresser vers un final puissant, explosif, usant sans pitié des cymbales là où les deux guitaristes de Cloud Nothings nous assènent le coup de grâce, noyés sous les cris grungesques* du chanteur. Comme pour nous punir de notre scepticisme. Dommage que les titres suivants , en particulier Wasted Days ou Stay Useless, se perdent dans un fouillis punk-rock. Des morceaux certes aboutis mais si loin de la première impression que l'on se fait de l'album. Enfin, pour un court instant d'hébétude au moins, No Future/No Past aura laissé un agréable arrière-goût de rébellion, une réminiscence de l'âge d'or du grunge gravée dans nos oreilles.

Allez, je la mets.





Issue de l'album Attack on Memory (Cloud Nothings), à dénicher chez Carpark Records, quelques titres lives en téléchargement ici.

*je sais, ça n'existe pas hein ?

mercredi 26 décembre 2012

Google News, cafetière pleine & mariage gay


D’abord, ce fut le choc. Puis le déni, seconde étape qui consiste à refuser tout ce qui s’offrait à mes yeux ruinés par trop d’heures passées devant l’écran. La colère, vite étouffée par la tristesse, pour finir par la résignation et l’acceptation. Non non, ce ne sont pas les étapes du deuil que je cite là, ni celles des Toxicomanes Anonymes (quoi que…), encore moins la nouvelle méthode d’autosuggestion en vogue dans le vaste domaine du développement personnel. Simplement le résultat d’une nuit blanche à errer, entre autres, sur les sites d’actualités, pour me retrouver face à un éventail de news qui tournent désespérément en rond (merci Google News)

Des combats de coqs. Voila ce qu’on trouve un peu partout en ce moment dans les médias. A la place d’éloges sur tel groupe, tel film ou tel nouveau mouvement culturel, on s’acharne à débattre sur les scandales politiques et intrigues guerrières du moment. Et voilà qu’on nous sert les dernières élucubrations autour de l'affaire Cahuzac ou encore pourquoi (et comment) Bernard Tapie finira par nous la mettre profond à tous.

Bon, là j’avoue, ce que je dis là est carrément hypocrite (il commence bien son blog lui…). L’avantage d’être tenu au courant (et en direct) des derniers baragouinages politiques, c’est prétendument utile pour se forger une opinion, même mal nourrie. Et puis Internet ne s’arrête pas à tout ce battage médiatique, on y trouve les plus belles pépites, parfois noyés dans un fatras de trucs inutiles mais marrants. Et puis je dois avouer que j’adore zoner de news en news, m’extasier sur la prochaine arme de dérision massive des USA et de pouvoir prétendre tout connaître d’un sujet en ne survolant que 2-3 articles au hasard (spéciale dédicace à Wikipédia). Ou encore de m’enflammer sur les sujets chauds du moment, comme le mariage pour tous.

En parlant de mariage pour tous, en Argentine, on ne semble pas se soucier de l’éventualité du mariage gay : là-bas, c’est fait depuis 2010, et sans aucune volonté de détruire l’argumentaire des opposants (mais avec un petit faible pour les catholiques, que se revendiquent d’ailleurs plus de 90% des argentins), le pays n’à pas sombré dans la décadence et/ou la perversion. Tout ça pour en venir à un autre genre de mariage dans ce beau pays, le genre où l’idylle se noue sur fond de meurtre (ou comment épouser l’assassin de sa jumelle en toute bonne foi).

Mais le must en la matière reste la déclaration ultra-philosophique et nullement engagée de Madame Boutin. Parce qu’on peut à la fois être présidente d’un parti de plus de 10.000 adhérents ET se contredire trois fois en moins d'une minute. Enjoy !