mardi 8 janvier 2013

PredPol, Minority Report for Real !



En écoutant distraitement la radio l’autre jour, une info discrète et surprenante m’est tombée dessus. Directement issu de la caboche fulminante des chercheurs américains, une récente trouvaille permettrait à la police de Los Angeles de prévoir, de prédire même, les crimes qui s’apprêteraient à être commis : Predictive Policing. Rien que ça.

Et là, le premier truc qu’on se dit c’est : « Waaa, exactement comme dans Minority Report ! ». On s’imagine déjà les trois mutants précogs se trémoussant dans une baignoire, à l’affut du prochain meurtre. L’équipe d’intervention qui réagit au quart de tour pour empêcher le criminel de commettre l’acte odieux et… Non, en réalité on est quand même loin du chef d’œuvre de Philip K. Dick.

Exit les précogs

Tout d’abord, la découverte en question n’en est pas tout à fait une, puisque le programme existe déjà depuis 2011, où il a été testé enpremier lieu dans la ville de Santa Cruz. A l’époque, il s’agissait de traquer les voleurs et les cambrioleurs, avant qu’ils ne passent à l’action. Pour cela, pas de mutants drogués jusqu’à la moelle mais un programme informatique complexe, qui s’appuient sur les délits commis ces dix dernières années pour prévoir le comportement de leurs auteurs. La logique veut vraisemblablement que les criminels aient un train-train quotidien et qu’il leur manque une sacrée dose d’originalité, puisque lorsqu’un crime est commis dans un secteur, d’autres suivent automatiquement. Donc, pas de précogs. Dommage.

C'est la crise...
 Manque de main d’œuvre

Pas de mutants, et pas de super-flics non plus d’ailleurs. Predpol a avant tout été crée dans le but de restreindre le champ d’action de la police américaine, pour une approche plus efficace. Non pas qu’ils soient flemmards ou mal entraînés, mais les effectifs diminuent d’années en années, alors que le crime attire toujours autant les vocations, à tout âge. Le programme est donc la pour s’assurer qu’il y ait toujours du monde là où les meurtres, vols et autres méfaits se préparent. Une manière de concentrer l’action avec la précision d’un laser, et qui s'exporte. Mais sans Tom Cruise.

***

Tant pis pour Minority Report alors ? On retrouve tout de même quelques points communs avec la nouvelle de Dick (ou le film de Spielberg, pour ceux qui n’aiment pas lire).

Des questions d’éthique peuvent vite se poser sur cette manière de chasser les vilains. On s’imagine que les forces de l’ordre attendent le flagrant délit pour agir, mais pour les plus impatients d’entre eux, les choses risquent vite de passer du côté de l’arrestation arbitraire. Plus moyen de sortir tranquillement dans le quartier s’il a été récemment fiché comme « coin à risques ». De plus, l’algorithme se base sur la répétition des crimes, leur localisation et le moment où ils se produisent le plus souvent. Les criminels criminels devraient vite faire avec ces critères, et les choses reprendraient alors leur cours normal. Les chiffres encourageants du style « -33% d’agressions » ne se basent que sur un an d’expérimentation. Sans compter la faculté d’adaptation des avocats (d’ailleurs, j’en ai pas vu dans le film…).

Enfin, Predpol n’est avant toute chose qu’un programme. Et un programme, ça se cracke. La police et les concepteurs ont beau assurer l’étanchéité du système, déjà réputé inviolable, ils disaient la même chose des bases de données de la NSA, du FBI ou encore de la NASA. Et des infos qui permettent de commettre des crimes en toute impunité se monnayent cher.

Sinon, plus proche encore de la science-fiction, un programme comme FAST est déja beaucoup plus effrayant ! 

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